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Parmi les messages que je reçois sur ce site, la question arrive quasi quotidiennement:
“Comment je peux apprendre le cinéma ?” “À votre avis, quelle est la meilleurs école de cinéma ?” “Est-ce que vous pouvez me donner des cours de cinéma ?” “J’aimerais, si c’est possible, que vous me donniez gratuitement des cours de réalisation.” “Tu peux m’envoyer des cours par mail ?” “Selon vous, quel est l’établissement idéal en ce qui concerne l’enseignement du cinéma ?” “Je voudrais devenir réalisateur. Quel cursus vous me conseillez ?”
Ces questions poussent à s’interroger: quel est l’enseignement du cinéma que j’aurais aimé recevoir ?
Un enseignement de type artisanat ? “Regarde comment je fais, et puis tu feras exactement comme moi.”
Un enseignement imprégné de maïeutique ? “Je vais t’aider à exprimer ce qui est en toi.”
Un enseignement de type garantie-du-résultat ? “Passez par notre établissement, et votre avenir professionnel est assuré.”
D’abord, je dois dire que je suis très content de celui que j’ai reçu à l’IDHEC (l’actuelle FEMIS). Il s’appuyait sur une pratique permanente: écriture, préparation, tournage, montage, écriture, préparation, tournage, montage (tout cela sur support film, en 16 et 35 mm) ... Une sorte de formation sur le tas en accéléré. On ne cherchait pas à nous inculquer les choses. On nous permettait de nous forger une expérience.
Mais dans l’idéal ? Aujourd’hui ?
Je crois qu’une école de cinéma devrait être une école du regard, de l’écoute, et de l’échange.
Du regard: bien sûr, il ne s’agit pas d’imposer aux étudiants une manière de voir. Au contraire, le but serait d’obtenir une diversité, une variété, une richesse, en poussant chacun à affûter son regard de la manière la plus personnelle. Car c’est bien là que tout commence.
Pour l’écoute, c’est la même choses: éveiller l’attention de l’étudiant pour lui faire sentir l’importance du détail sonore porteur de sens et d’émotion, porteur de SON sens, de SON émotion.
L’échange: car un film ne parle que de cela, et qu’il s’agit de découvrir l’infinie diversité de ce qui peut se jouer entre les êtres. On est un peu malheureux au vu de certains courts métrages, quand on voit la relation entre les personnages réduite à trois émotions types.
Et la technique, me direz-vous?
Je vous réponds qu’elle est importante, et qu’il faut l’enseigner, elle aussi, avec le plus grand soin. Mais j’ajoute qu’elle risquerait de tourner à vide (en même temps qu’à plein régime), si elle n’était pas mise au service d’un œil intelligent, d’une oreille attentive et d’une expérience humaine.
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